REFONDONS L'ÉCOLE

A l'heure où se tient une grande concertation sur l'avenir de l'École préparant la future loi d'orientation et de programmation, j'ai souhaité mettre en ligne dans la rubrique  Quelle école pour demain ? quelques exemples d'innovations pédagogiques qui font la part belle aux nouvelles technologies.

Pour rappel, cette concertation intitulée "Refondons l'École" a été lancée le 5 juillet dernier par Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale, en présence du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Elle conduira à la publication, au mois d'octobre prochain, d'un rapport qui amènera Le Gouvernement à proposer au Parlement d'ici à la fin de l'année un projet de loi et un ensemble de mesures associées.

" L'avenir de l'École mérite l'attention et la mobilisation de toute la Nation ", a rappelé le ministre.

Plus d'informations sur le site  www.refondonslecole.gouv.fr






La concertation comprendra quatre groupes de travail qui traiteront de plusieurs thèmes ainsi répartis :

La rénovation du collège
La redéfinition du socle commun
Le lycée de la réussite
La valorisation de l’enseignement professionnel
La prévention du décrochage scolaire
Le service public de l’orientation
Le renforcement de l’éducation artistique, culturelle et scientifique

Une école attentive à la santé des élèves
Un accompagnement efficace pour les élèves en situation de handicap
Un climat scolaire apaisé dans les écoles et les établissements
La vie scolaire et l’éducation à la citoyenneté

Une École plus juste pour tous les territoires
Une gouvernance rénovée
L’évaluation de l’École repensée
Les parents, partenaires de l’École

Groupe 4 : Des personnels formés et reconnus
Une vraie formation initiale et continue
Des missions redéfinies pour des personnels reconnus
Une nouvelle évaluation des personnels


Publié par LUDOVIC ROUSSEAU


QUELLE ÉCOLE POUR DEMAIN ?

   Article publié dans le magazine RSNL, le 04/04/2012

Il est parfois difficile d’avoir une vue d’ensemble sur des sujets aussi complexes que l’éducation et l’école de demain. Les études montrent des avis parfois divergents et peu lisibles : les enseignants n’ont pas forcément le même avis que les parents, qui eux-mêmes n’ont pas le même avis que leurs enfants… Et pourtant la question est essentielle : quelle école pour demain ?

C’est pour essayer de répondre de la meilleure manière possible à cette question fondamentale que Microsoft Education et RSLN ont réalisé cette infographie retraçant les enjeux du numérique à l’école, en compilant plus d’une dizaine de sources – et notamment l’étude IPSOS sur la place des TIC à l’école.

Quels peuvent être les bénéfices du numérique à l’école ?

« L’école ne peut plus nier les écrans »  nous expliquait il y a déjà quelques temps Divina Frau-MeigsEt c’est tant mieux, car ces outils auraient beaucoup à lui apporter, à en croire les parents et les enseignants interrogés. Les parents sont en effet 78% à considérer que le numérique peut apporter une plus grande motivation aux élèves. A 65%, ils pensent que c’est l’outil d’une meilleure compréhension des cours, et à 56%, d’une meilleure mémorisation.





Du côté des enseignants, le numérique apparait comme l’outil de cours plus attractifs (95%), d’élèves plus attentifs et participant davantage (92%), et d’un apprentissage personnalisé (80%). Mais c’est également l’occasion de nouveaux apprentissages pour les élèves : il leur permettrait d’apprendre à trouver de l’information (pour 96% des sondés), à gérer un projet (80%) et à travailler en équipe (73%).




Un vrai retard français...

Aujourd’hui en France, on compte un ordinateur pour 10 élèves de primaire, et 1 pour moins de 6 élèves de lycée. C’est très peu comparé aux petits Britanniques et Danois, qui bénéficient déjà d’un peu plus d’un ordinateur par élève. Et cela reste encore modeste, même dans la moyenne européenne (un ordinateur pour 3,5 élèves de primaire, et un pour 1,4 élève de secondaire).




...mais de vraies ressources

Malgré le retard français en la matière, les élèves, les parents et les enseignants semblent prêts à une transition vers une école plus numérique. Et tous s’attendent à quelques bouleversements, pour adapter l’école à ces nouvelles générations nées avec Internet.. 

Très connectés dans leur vie hors de l’école, les élèves ne bénéficient pas du même environnement technologique en ses murs. Ce décalage est à l’origine d’un sentiment d’insatisfaction assez fort chez les collégiens et lycéens, qui regrettent que leurs établissements ne soient pas mieux équipés.

Les parents, quant à eux, sont très motivés et impliqués : la quasi-totalité (97%) souhaiteraient que leurs enfants aient accès à un manuel scolaire numérique. 95% d’entre eux estiment d’ailleurs que le fait de ne pas maîtriser les TIC constitue un handicap. Et le financement n’est pas un problème : plus de trois quarts des parents sont prêts à participer à l’achat d’une tablette ou d’un ordinateur à l’école.

Les enseignants, enfin, ne sont pas en reste : plus de 75% d’entre eux utilisent les TIC, au moins une fois par semaine pour préparer des cours, et une fois par mois pour monter une séquence d’activité.Ils voient d’un bon œil l’arrivée du numérique à l’école, étant 74% à penser que ces outils devraient s’intégrer davantage dans l’enseignement.

Quelle école pour 2015 alors ?

Plaisir, participation, potentiel, pilotage : voilà quelques mots clefs qui apparaissent lorsque l’on évoque l’école de demain. On note plusieurs tendances, notamment celle de l’autonomisation de l’élève, avec les idées de participation active, d’élève acteur de son évaluation, développant son jugement critique.
L’école de 2015 serait également plus valorisante, en se concentrant sur le développement personnel : pour permettre à chacun de développer son potentiel, la prise de parole en public serait encouragée, la personnalisation des enseignements souhaitée. Et l’égalité des chances reste, bien entendu, de mise. Les armes de cette école de demain ? La communication, la souplesse (« modularité ») et l’interdisciplinarité. Ses objectifs ? Améliorer les apprentissages, et notamment en développant le plaisir d'apprendre.






UNE ÉCOLE INNOVANTE, EN ANGLETERRE

   Articles publiés dans le magazine RSNL, le 25/01/2010 et le 16/01/2012

Maidstone est une petite ville de 75 000 habitants, typiquement britannique, à une heure de Londres. C’est dans ce cadre inattendu que se trouve l’école de Cornwallis Academy à la pointe des technologies et de l’innovation pédagogique. Nous avons décidé d’aller faire un saut dans cette école du futur. Voir à quoi ressemble une école totalement centrée vers l’innovation. Zoom sur une école peu ordinaire qui modifie fondamentalement l’apprentissage.




L’organisation de l’espace est totalement innovante. 

Les nouveaux bâtiments de l’école ont ouvert en septembre et les parties les plus anciennes sont en train d’être rasées. L’architecture de l’école a donc pu être pensée au service de l’utilisation des nouvelles technologies et d’une meilleure pédagogie.

A Cornwallis Academy les salles de classes avec tableau blanc et élèves assis à leurs tables, cela n’existe pas. Les élèves sont fréquemment amenés à travailler dans des plazas. Ces grandes salles ouvertes sont une véritable alternative aux salles de cours.

Dans la plaza, il y a des tables isolées où les élèves peuvent étudier en groupe, mais aussi une grande « banane » centrale, version banc d’amphithéâtre sans pupitre. Les élèves sont encouragés à se déplacer, à se parler à répartir les tables et les chaises – toutes entièrement modulables – comme cela leur convient. L'école a été pensée pour aller davantage vers une éducation interactive. Dans ces très grandes classes, jusqu’à quatre enseignants accompagnent les élèves dans leurs travaux de groupes ou la compréhension de leur leçon.

"Cette méthode de travail est vraiment très pratique. Si je ne comprends pas l’explication de l’un des profs, je n’ai qu’à aller demander à un autre qui m’expliquera différemment. C’est facile, il est dans la même salle ! Et en plus, comme à chaque niveau nous avons notre propre plaza, nous pouvons nous approprier l’espace " souligne Samuel, élève de terminale.




L'usage des nouvelles technologies. 

Les 1630 élèves de Cornwallis ont chacun leur propre ordinateur portable. Ils sont libres de s’en servir comme ils le veulent, de l’emmener à domicile ou de le laisser dans leur casier. Cet ordinateur leur permet de travailler sur un bureau virtuel dans certaines classes ou d’afficher leur travail sur l’un des écrans numériques qui occupe chaque salle de l’établissement.

Toutes les plaza sont équipées d’une grosse trentaine de postes fixes. Mais l’important est moins dans le taux d’équipement, que dans la manière dont son usage va compléter, voire amender, les pratiques de la communauté éducative. Avec leurs netbooks, les élèves « peuvent ramener un peu de l’école chez eux », et réciproquement, comme le souligne la jeune prof  Carol Mullaney.

Pour l’équipe pédagogique de Cornwallis, tout n’est pourtant pas lié aux nouvelles technologies. Depuis de nombreuses années, l’école s’est lancée dans des méthodes pédagogiques vraiment innovantes.

L'autonomie de travail des enfants est encouragée. Pour les enseignants, le but n’est plus de dispenser le savoir du haut d’une chaire sans jamais adresser la parole aux élèves. Le positionnement de ces nouveaux professeurs ? Ils souhaitent être aux côtés des enfants, comme un guide. L’idée est donc de réaccorder un certain pouvoir aux enfants : ce sont à eux de mener à bien leur projet en mathématiques ou en biologie selon des objectifs définis avec leur enseignant.

Et les résultats suivent : 92% des élèves réussissent leur cursus sans encombre, ce qui place l’école de Cornwallis largement au-desssus de la moyenne nationale.

"Nous sommes dans une école à haute performance, ce qui n’était pourtant pas le cas il y a quelques années. Nous avons changé les mentalités et les méthodes tout en douceur, par itérations, et cela a fonctionné, " explique David Simmons, le principal.




EN SUÈDE, UNE ÉCOLE PAS COMME LES AUTRES

   Article publié dans le magazine RSNL, le 24/01/2012



Une « montagne bleue » comme cour de récréation, un « village » avec de petites maisons pour travailler en groupe, une « grotte » où l’on regarde des films, etc. : non, vous n’êtes pas en pleine nature, mais bien à Vittra Telefonplan, une école primaire récemment construite à Stockholm.



En se payant les services d'une agence d'architecture et de design danoise, l’entreprise Vittra Education, qui gère trente-cinq écoles en Suède, a voulu repenser ce que devait être l’école d’aujourd’hui, des murs au plafond. Exit les salles de classes avec des tables et des chaises sagement alignées. Telefonplan est traversé par de larges espaces, au sein desquels les écoliers peuvent facilement se retrouver pour étudier : ici, on s’installe, en chaussettes, sur un large canapé, là, on partage son repas tout en travaillant.
voir le diaporama 

Si Vittra Education a voulu revoir la « forme » de son école, c’est aussi pour repenser le fond de l’enseignement qui y est dispensé. Dès dix ans, les élèves se voient attribuer leur propre ordinateur portable, afin que le numérique participe au développement de leur « curiosité » et de leur « créativité ». L’enseignement est bilingue suédois-anglais, afin d’encourager l’ouverture sur le monde. Enfin, l’accent est mis sur le travail par niveaux de compétence, et non par classes d’âge.



A la vue d’un tel dispositif, on se dit que cette école risque d’être réservée aux familles les plus fortunées. Ce serait méconnaître le système éducatif du pays :

" En Suède, les écoles sont gratuites car elles sont financées par l’Etat », explique Jannie Jeppesen, la principale de Telefonplan. « En utilisant les subventions accordées pour la construction d’une nouvelle école, nous nous sommes demandés : peut-on la penser différemment ? "

Résultat : comme pour les autres écoles suédoises, s’inscrire à Telefonplan ne coûte rien. A la fin de leur scolarité, les élèves passeront les mêmes examens que dans les autres écoles, car c’est l’Etat qui les organise au niveau national. La finalité reste donc bien identique pour chaque élève, mais les méthodes pédagogiques peuvent différer d’une classe à l’autre.


Jannie Jeppesen précise que deux nouveaux établissements bâtis selon ce modèle verront le jour en Suède dans les années à venir.


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